Karlheinz Stockhausen Donnerstag aus Licht / Acte 1 et Acte 2

[Opéra]

Avec Jeudi de Lumière, Karlheinz Stockhausen ouvrait un cycle immense de sept opéras, Licht ­(Lumière), auquel il consacra vingt-cinq ans de sa vie et dont le Balcon, le Festival d’Automne et la Philharmonie de Paris programment, sur plusieurs années, l’intégralité. Dans un puissant mouvement de spirale, les sons s’y mesurent aux étoiles, l’homme participe de leurs rythmes et lance un appel à leur mystique harmonie.

Jeudi de Lumière est comme une autobiographie. Sous le nom de Michaël, Stockhausen relate, dans le premier acte, son enfance douloureuse dans l’Allemagne du nazisme et de l’après-guerre : son père, instituteur, disparu sur le front hongrois, et sa mère, euthanasiée, comme tant de malades mentaux, par le Troisième Reich. Orphelin, Michaël passe, peu après, un examen d’admission à l’école de musique. Le deuxième acte relate son voyage autour de la terre. Le rôle y est confié à la seule trompette, quand l’orchestre est un monde en soi où circulent, croisements clownesques d’hirondelle et de pingouin, deux clarinettes. À la fin de la septième et dernière station, Michaël fait retour. Dans ce diptyque se déploie merveilleusement l’écriture de soi et celle d’un vaste univers dont le héros est en quête. À la question : « Quel est pour vous le bonheur accompli sur terre ? », Stockhausen répondait un an avant la création à Milan de ce Jeudi de Lumière : « Une œuvre musicale parfaite. »