Angélica Liddell Liebestod

[Théâtre]

Liebestod. L’odeur du sang ne me quitte pas des yeux. Juan Belmonte est placé dès son titre sous le triple signe de l’amour, de la mort et de l’art. Dans ce spectacle, Angélica Liddell ne rend pas seulement hommage au torero de Triana, elle livre une véritable profession de foi théâtrale.

Liebestod : la mort d’amour. Le terme désigne, dans l’opéra de Wagner, la mort scellant l’amour de Tristan et Iseut unis dans et par-delà leurs cercueils transpercés par les ronces. La mort, c’est aussi celle de Juan Belmonte, le « matador céleste », sommet du toreo spirituel. « On torée comme on est », disait Belmonte. « On torée comme on aime », affirme Angélica Liddell. Préférant, et de loin, la beauté au sens du devoir, la spiritualité aux responsabilités, l’arène à la société, elle élabore pour la scène une liturgie où règnent le mystère et le sacré. Une liturgie qu’elle déploie à l’ombre de la voile noire annonçant la tragédie wagnerienne. En invoquant Cioran, elle érige son théâtre sur les cimes du désespoir. « Vouloir mourir, c’est la seule chose qu’il faut pour toréer. » Vouloir mourir, c’est peut-être la seule chose qu’il faut pour monter sur scène.