Bruno Beltrão
Grupo de Rua New Creation

[Danse]

Parmi les gestes artistiques remarqués de la scène chorégraphique des deux dernières décennies, l’alchimie de la danse contemporaine et de la danse urbaine déployée par Bruno Beltrão se distingue par sa tension entre rigueur et fougue. Ici les corps se font figures actives d’un corps politique alternatif éblouissant. 

Chez Bruno Beltrão, il y a la forme renversante d’originalité. Depuis H2, présentée au Festival d’Automne en 2005, chacune de ses pièces conjugue véhémence et volupté du mouvement, vélocité et minutie de la danse. Sous des traits bruts, urbains, agit une approche quasi-scientifique du corps dans son rapport à l’environnement sensible ‒ musique, lumière, espace. Mais chez Bruno Beltrão, il y a aussi le fond. Après Inoah, une pièce aussi organique que savamment écrite, sa nouvelle création déplie les accointances entre esthétique et politique. Dans la mouvance de la combattivité d’une scène artistique brésilienne censurée et brutalisée, le langage qu’invente le chorégraphe entaille l’épais brouillard installé par l’autoritarisme d’ultra-droite, la paralysie et la désunion organisées, pour réhabiliter la liberté et la solidarité.