El Conde de Torrefiel Una imagen interior

[Théâtre]

Dans sa dernière création, El Conde de Torrefiel fait évoluer les corps dans une scénographie changeante et malléable qui, comme la réalité dont elle cherche à rendre compte, est frappée d’instabilité. Une plongée au cœur de l’imagination en réponse aux images formatées qui nous envahissent. 

Cinq comédiennes et comédiens habitent une caverne entièrement faite de plastique, une nature artificielle, fausse, créée de toutes pièces, et qui sans cesse peut se modifier, nous invitant à nous interroger sur le sens du mot réalité « chez une humanité qui tend à s’émanciper de la nature ». La réalité, en effet, n’a plus rien du socle solide, stable, inaltérable que l’on attendrait. Elle n’est « ni de la pierre, ni une montagne, ni un volcan, elle n’a pas la densité d’un océan », elle est susceptible de se transformer ou de se briser à tout moment, sous les assauts d’une guerre, d’une pandémie ou d’une catastrophe naturelle. Au fond de la caverne de plastique, comme dans celle de Platon, le réel se dispute à la fiction. Una imagen interior (Une image intérieure) est le récit d’une chute, mais pas de celles qui sont régies par les lois indiscutables de la gravitation. C’est une chute au cœur d’une image inventée, fragile et menaçante à la fois.