Karlheinz Stockhausen Sonntag aus Licht

[Musique]

Dimanche est le dernier jour de la semaine que Karlheinz Stockhausen composa pour son vaste cycle d’opéras, Licht (1977-2003). Rituelle, cette œuvre d’or et de soleil, traversée d’eau et de lumière, d’anges aussi, exalte la vie, de la plus simple plante aux constellations célestes, et scelle l’union mystique d’Ève et de Michael, forces premières de l’univers.

Rares sont les musiciens qui, comme Stockhausen, ont su traduire si intensément l’éclat des amants pareil aux rayons du soleil, le corps adamique devenu corps mystique, le sentiment amoureux à l’image de l’amour de Dieu, comme le célébrait jadis le Cantique des Cantiques. L’âme épouse multiplie les appels aux sens et vibre de l’univers entier. C’est pourquoi, dans Dimanche, on joue et chante en hindi, chinois, espagnol, anglais, arabe, kiswahili ou allemand ; c’est pourquoi la quatrième scène brûle des senteurs, pour un « sentiment agréable de l’âme ». L’union de celles et ceux qui s’aiment en appelle à un au-delà, invisible : de cet appel vient la beauté. Avec leur invention instrumentale, vocale, chorale, spatiale et électronique, par leurs gestes et leurs couleurs, les cinq scènes de Dimanche, avant un ultime adieu, louent l’arbre et l’animal, les vagues, la révolution des planètes et des lunes, les mariages ou « temps forts » (Hoch-Zeiten), la joie, cette jubilation à la révélation du divin. Lundi ouvrira une autre semaine par une naissance. Ni fin ni commencement à la vie, mais une incessante et fascinante spirale.