André Engel Légendes de la forêt viennoise

[Théâtre]

"Une valse célèbre de Johann Strauss s'intitule Légendes de la Forêt Viennoise. C'est le titre qu'Ödön von Horvath donnera à l'une de ses pièces en 1931, "pièce populaire en trois parties" écrit-il, dont l'action se situe à Vienne, dans la forêt viennoise, et la Wachau, et qui porte en exergue : "Rien ne donne autant le sens de l'infini que la bêtise."
Horvath ne cherche pas à écrire à l'intérieur d'un style ou d'un genre noble ; il emprunte volontairement aux pièces populaires de son époque leurs thèmes, décors et personnages, il s'appuie sur leurs conceptions artificielles et mensongères du monde pour démasquer l'artifice et le mensonge de la société et de ses individus. Dans leurs détails, les répliques des personnages d'Horvath sont comiques ; dans leur tout, ils constituent une tragédie.
Chez Horvath, les personnages sont trahis par leur langue. Et dans leur langue, non pas par ce qu'ils disent, décrivent ou éprouvent, mais par l'expression qu'ils en donnent, un jargon d'inauthenticités qui, en retour, vient déformer leurs images du monde et d'eux-mêmes, laissant leurs pulsions sadiques et violentes à nu. Horvath a écouté la langue de son époque. Il a aussi écouté sa musique. Une célèbre valse de Johann Strauss..."
Dominique Muller et André Engel.