Robert Lepage La Trilogie des dragons

Robert Lepage

[Théâtre]

La Trilogie des dragons, valse à trois temps –
Le dragon Vert, Le dragon Rouge, Le dragon Blanc – composant la saga imaginée et mise en scène par le Canadien Robert Lepage, fait partie de ces spectacles dont on parle d’autant plus que peu ont eu la chance de le voir.  Depuis sa création en 1987, année où La Trilogie reçut le Grand Prix du Festival des Amériques,
ses dragons n’ont cessé de parcourir l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Océanie.  Près de vingt ans plus tard Lepage revient sur « cette Chine imaginaire qui se dessinait  dans la tête de deux gamines des années 30 élevées aux abords mystérieux du quartier chinois de Québec, aujourd’hui disparu ». En quelque six heures de spectacle, de 1910 à aujourd’hui, les époques se succèdent  et déroulent « une longue valse migratoire d’est en ouest jusqu’aux portes de l’Orient…  De Québec à Toronto et Vancouver, jusqu’à Hong Kong, l’Angleterre, Tokyo, Hiroshima et la Chine de Mao ».
On retrouve dans cette nouvelle version les personnages qui firent l’immense succès de la première : Françoise et Jeanne, enfants inséparables qui jouent au magasin avec des boîtes à chaussures, faisant apparaître la rue Joseph et ses boutiques. Lépine le croque-mort…  Le salon de barbier du père de Jeanne, où celle-ci croise les regards de Bédard, dont les cheveux roux la fascinent, la blanchisserie du vieux Wong, où aboutit par un soir frisquet William S. Crawford, venu d’Angleterre dans l’espoir d’installer son négoce à Québec…
« Je ne suis jamais allée en Chine. Quand j’étais petite, il y avait des maisons ici.
C’était le quartier chinois. Si tu grattes le sol avec tes ongles tu vas trouver de l’eau et de l’huile à moteur. Si tu creuses encore tu vas sûrement trouver des morceaux de porcelaine et du jade et les fondations des maisons des chinois et si tu creuses encore plus loin tu vas te retrouver en Chine. » Une conspiration poétique qui oscille entre humour et gravité, émotion et retenue, et tente d’apporter une réponse nouvelle à l’une des questions que posait la première Trilogie : à quoi rêve donc le buandier chinois du quartier Saint Roch ?