Boris Charmatz Levée des conflits

[Danse]

Directeur du Musée de la danse, laboratoire dont il se sert pour soumettre la trame chorégraphique à de multiples expériences, Boris Charmatz ne cesse de sonder les contours de sa pratique, d’exposer et d’élargir ses frontières, de jouer avec son histoire. Après 50 ans de danse – œuvre hybride, entre abécédaire des formes de Merce Cunningham et kaléidoscope de gestes récupérés – il propose un nouvel objet-limite, un hologramme méditatif pour vingt-six danseurs.
Pour ce chorégraphe explorateur de la friction des corps, de l’improvisation sauvage et du choc des matériaux, Levée des conflits délimite une zone neutre : un moment d’apesanteur, de suspension provisoire de la mêlée. Levée – comme une levée du temps, de la tension du sens, des règles organisant la perception. En une ronde hypnotique, un tourbillon circulant de corps en corps, les vingt-six danseurs vont chercher à produire un mirage : une impression subliminale se dégageant d’un enchaînement continu d’états.
Exposée à la durée, sans cesse en train de se nouer et de se dénouer, cette structure à géométrie variable mobilise une attention flottante : ensemble à contempler d’un seul regard, et chorégraphie composée d’une multitude d’évènements qui s’emboitent, pivotent, coulissent – laissant voir chaque geste en train de se faire ; danse fluide, en apesanteur, qui simplement a lieu, et mécano complexe, en oscillation permanente. Avec Levée des conflits, Boris Charmatz invente un « trou de danse » – trou noir ou vortex – capable de capturer le mouvement dans une image fixe.