Bouchra Ouizguen Corbeaux

[Danse]

C’est une expérience intense que propose Bouchra Ouizguen avec Corbeaux. Après Ottof, présenté l’an passé au Festival d’Automne, ce spectacle exprime le désir de la chorégraphe marocaine d’investir d’autres espaces que ceux de la scène avec une performance imaginée comme une sculpture vivante, à l’état brut. Une horde de femmes vêtues de noir se déploie en silence avant de faire disparaître par leurs cris et leurs rythmes saccadés toute notion d’espace ou de temps. L’expérience est à la fois intime et universelle, convoquant chez le spectateur des émotions brutes, profondément liées à l’origine. Difficile d’oublier un tel spectacle, d’où l’on ressort étourdi et harassé, comme après un très long voyage.
Puisant dans la littérature perse du IXe au XIIe siècles, Bouchra Ouizguen s’intéresse à cette époque où le fou et sa parole libre et sage avaient leur place dans la communauté. Les souvenirs de longues nuits de transe affleurent à la surface de ces corps chargés depuis l’enfance des rituels « Issawa » et « Hmadcha » de la région de Marrakech.
Présentée pour la première fois sur le parvis de la gare de Marrakech lors de la Biennale d’Art Contemporain en 2014, cette performance destinée au départ à cette unique occasion a finalement été présentée dans de nombreux pays (Belgique, Allemagne, Liban…). Chaque fois dans un lieu atypique, au plus près du public.