Boris Charmatz SOMNOLE

[Danse]

Après une série de pièces de groupe et d’événements collectifs, Boris Charmatz revient à la forme minimale du solo pour une chorégraphie mentale et épurée, seulement accompagnée d’un filet de souffle : une danse sifflée qui transporte mélodies familières et concrétions de gestes en sommeil.

Siffler pour soi seul, « comme l’esquisse d’un centre stable au sein du chaos » ; modeler le mouvement à même le souffle qui s’échappe de ses lèvres. S’inventer un monde en expansion – un territoire de ritournelles familières d’où s’échappent des gestes ; siffler une note, fabriquer une mélodie, puis une autre – comme la cartographie éphémère d’un état du cerveau. Après infini, pièce à l’oralité débordante, où la profération de chiffres se transmettait de corps en corps, Boris Charmatz procède à un amenuisement radical du sens et de l’activité physique. Dans SOMNOLE, l’air expiré d’un sifflement se joint à l’apparition du mouvement pour former un nouage fragile entre danse et musique. Au fil de la construction mélodique, de ses mélanges et de ses ruptures, se développent différents états de liaison entre le souffle et la dynamique du geste – tour à tour ralenti, saccadé, somnolent ou acéré. À la manière d’un corps cherchant le repos, Boris Charmatz invente une danse insomniaque, un refuge de refrains et de rythmes à la frontière entre rêve éveillé et songes obscurs.