Lia Rodrigues Fúria

[Danse]

Dans la continuité de sa précédente pièce, Para que o céu nao caia (Pour que le ciel ne tombe pas), Lia Rodrigues remet au travail les paradoxes de l’altérité pour les incuber au sein d’un groupe de neuf danseurs. Multitude sauvage ou somme d’individus, ce collectif en mutation invente et traverse des mondes parcourus d’images fulgurantes.

Pour la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues, le groupe est une entité à part entière : une matière malléable capable de traverser différents états, au même titre qu’un élément liquide ou solide. Au fil de pièces comme sa trilogie brésilienne – Pororoca, Piracema et Pindorama –, elle façonne des expériences à la frontière du rite, de la danse, de la performance et de l’installation plastique. Rejoignant le travail d’artistes comme Lygia Clark, la substance collective qu’elle modèle dépasse le simple cadre formel pour toucher à la réinvention d’un corps social renouant avec ses énergies primitives. Après Para que o céu nao caia, elle repose les conditions d’une extase matérielle, allant creuser dans des zones profondément enfouies de la psyché humaine. Qu’est-ce qu’avoir un corps ? Une bouche pour parler, crier, des membres pour saisir, frapper, agripper un autre corps ? En suivant leur « radar délicat » – selon les mots de l’auteure brésilienne Clarice Lispector –, un groupe de neuf danseurs part à l’aventure, transformant la scène en territoire fragile et fluctuant. Tantôt meute, organisme autonome ou somme d’individus livrés à la solitude de leur chair, ils cherchent à créer des mondes : à faire de la scène un univers traversé de paradoxes, soulevé par des images qui déchirent le voile de la réalité familière.

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Durée estimée : 1h