Éditorial

 

À propos de son exposition Une chambre en ville, Ana Jotta – plasticienne portugaise née en 1946 et artiste visuelle invitée cette année – évoque « un espace tranquille, plus à l’aise pour vivre et montrer l’art ». Et elle ajoute « je pense que l’art doit être vivable ».

 

Depuis plus de 50 ans, le Festival s’efforce d’incarner cet espace où vivre l’art chaque automne, au gré des projets de théâtre, danse, musique, performances et arts visuels.

À la source de cet espace, existe un dialogue que mène sans relâche le Festival avec les artistes, théâtres, institutions, partenaires publics et indispensables mécènes et cette année plus de 60 lieux partenaires à Paris et en région Île-de-France. Ces échanges façonnent la spécificité de chaque édition tout en assurant la continuité de l’histoire du Festival, en plaçant la co-construction, la porosité à l’autre, le refus de la simplification et la re-connaissance de la polyphonie au cœur de nos valeurs communes.

 

Cette ligne directrice claire va de pair avec une capacité d’adaptation et de remise en cause permanente liée au contexte de l’immédiate actualité, préfigurant aussi des lendemains que nous tentons d’inventer. Ces valeurs premières sont ainsi renforcées par des convictions et des pratiques nouvelles :

 

  • L’éducation artistique et culturelle est nécessaire et doit produire des résultats concrets, au-delà des déclarations de principe. 2 000 jeunes sont directement concernés chaque année par les actions artistiques mises en œuvre par l’équipe du Festival, dont de nombreuses activités de pratique mais aussi des compagnies en immersion dans les lycées et les universités.

  • Nos actions artistiques peuvent s’inscrire dans des modalités de collaboration plus étendues : c’est l’enjeu des nouvelles alliances engagées depuis 2 ans entre la Culture, la Santé, la Jeunesse et les associations du champ social. L’accessibilité des œuvres au plus grand nombre, mais aussi la découverte, la transmission et la pratique doivent pouvoir concerner les publics les plus divers – s’allier avec les autres champs de la recherche et de la connaissance, c’est inventer un dialogue singulier, probablement le plus à même de concrétiser ces engagements.

  • L’Europe de la culture est une réalité que nous vivons au quotidien et constitue un référentiel pertinent pour réfléchir à l’accompagnement des artistes et aux moyens de produire leurs œuvres. Cette année, plus de 30 artistes européens présentent leurs créations venues d’Italie, de Suède, d’Espagne, d’Autriche – dont Olga Neuwirth, compositrice reconnue, accompagnée depuis près de 30 ans par le Festival, qui lui dédie cette année un Portrait – et bien sûr du Portugal. À l’occasion de la saison croisée France-Portugal, plus de 15 artistes sont invités cet automne à Paris, parmi lesquels Marlene Monteiro Freitas, artiste binationale cap-verdienne et portugaise, qui présente un Portrait situé aux frontières du théâtre, de la danse et de la musique.

  • Le spectacle vivant doit s’inscrire dans un environnement durable et soutenable écologiquement. Le soutien à la création est primordial, mais les œuvres doivent vivre plus longtemps – c’est le sens du « Répertoire » que nous inscrivons pour la première fois dans cette édition 2022, avec des spectacles créés durant les dernières éditions du Festival et qui rencontreront à nouveau les publics cet automne.
    L’ouverture au monde et à toutes les cultures demeure un engagement fort du Festival : c’est pourquoi nous organisons de plus en plus de tournées en Europe pour des artistes extra-européens, qui peuvent ainsi largement diffuser leurs œuvres sur une période prolongée, conjuguant efficience écologique et pertinence économique.

Entre valeurs fondatrices et convictions réaffirmées, le Festival d’Automne poursuit sa transformation pour amplifier ses actions et maintenir sa capacité d’innovation, au service des artistes et de tous les publics.

 

Je tiens à remercier l’équipe du Festival d’Automne à Paris pour son engagement sans faille et salue celles et ceux qui nous ont récemment rejoints, dont Francesca Corona qui poursuivra le travail admirable de Marie Collin au sein de la direction artistique du Festival.
Je remercie nos partenaires publics, le ministère de la Culture, la ville de Paris et la région Île-de-France. Merci à l’ensemble des Amis du Festival d’Automne à Paris pour leur confiance et leur soutien, qui permettent d’affronter les incertitudes majeures des temps présents, et de porter ensemble un regard lucide et bienveillant sur notre futur commun.
Je remercie aussi l’ensemble des lieux partenaires qui, à nos côtés, s’engagent et participent pleinement à rendre concrets nos engagements.
Enfin, merci à chaque spectatrice et spectateur pour sa fidélité et d’oser chaque année à nos côtés le pari de la découverte et de l’inattendu.
Chacune et chacun est dépositaire d’une part de l’histoire du Festival. C’est à ce titre que nous devons ensemble imaginer son avenir.

 

« Le premier enfant de la beauté, c’est l’art », nous dit Friedrich Hölderlin – cité par Christoph Marthaler. Nous sommes heureux de vous convier à passer cet automne ensemble, en quête de beauté, de questionnements fructueux et de rencontres inédites auprès des artistes qui composent cette édition 2022.

 

Emmanuel Demarcy-Mota

Directeur général