Peter Sellars Les Perses

[Théâtre]

La guerre a déserté notre mémoire. Au mieux, pour qu'elle ne trouble pas notre voyage somnambule à travers le temps, on voudrait nous faire croire aujourd'hui qu'il y a une guerre propre, chirurgicale, mathématique avec des objectifs fixés par ordinateur. Comme s'il pouvait y avoir quelque chose de propre dans la mort. Il y a vingt-cinq siècles, un intellectuel grec, bouleversé par l'holocauste provoqué par ce qui est alors une guerre mondiale, invente la tragédie : une mémoire humaine suffisamment forte pour contrer la normalisation de la destruction. Qu'avons-nous perdu en chemin pour qu'aujourd'hui le téléspectateur occidental saturé d'informations en provenance des états-majors ait oublié ce simple fait : la guerre est une tragédie.
A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, Les Perses, premier texte du répertoire dramatique occidental, nous conte par la voix de Xerxès, le vaincu de Salamine, cette première Guerre du Golf. En remontant aux origines du théâtre, le créateur des opéras Nixon in China et de l'odyssée de l'"Achille Lauro", nous invite à repeupler notre mémoire pour nous émouvoir à nouveau de cette tragédie humaine.