Anne Teresa De Keersmaeker
Ictus Vortex Temporum

[Danse]

Comment se mesurer à la complexité mathématique de Vortex Temporum, et inventer une danse spectrale se glissant dans les arcanes du temps ? Pour aborder les infimes nuances sonores de l’œuvre de Gérard Grisey, Anne Teresa De Keersmaeker a conçu une structure chorégraphique moléculaire : un tourbillon de danse où chaque danseur répond à un instrument.

C’est en 1996 que Gérard Grisey terminait Vortex Temporum, sa grande œuvre pour sept musiciens. Cette méditation sur le son et le temps a des allures de testament : le compositeur décédait deux ans plus tard. Anne Teresa De Keersmaeker associe la polyphonie de cette œuvre à un contrepoint dansé pour sept danseurs. À quoi ressemble la polyphonie lorsqu’elle est dansée ? Comment un danseur peut-il incarner l’une des voix d’un réseau polyphonique ? De Keersmaeker tente de répondre à ces questions en choisissant d’entremêler étroitement son et mouvement. Chaque danseur est associé à l’un des sept musiciens et infléchit sa partition dansée selon la gestuelle propre à chaque instrument. Danseurs et musiciens évoluent dans le même espace, en suivant un réseau tourbillonnant de cercles enchevêtrés. « On peut penser le temps de façon linéaire ou de façon cyclique », précise la chorégraphe. « Ce que nous nommons “présent” oscille perpétuellement entre souvenir et pressentiment, c’est un va-et-vient entre l’image résiduelle du passé et un désir d’avenir. »

––––––
Durée : 1h15