Guy Cassiers Antigone à Molenbeek
Tirésias

[Théâtre]

Deux voix solitaires qui s’élèvent successivement pour tenter d’être écoutées. Deux poèmes pour deux personnages, Antigone et Tirésias, aux noms venus de cette Grèce antique où les mythes questionnent les hommes, mais qui nous parlent de notre monde troublé où les incertitudes sur l’avenir entraînent la peur. Ces voix combattantes résonnent avec force pour mettre à jour les préjugés refoulés de la société.

Guy Cassiers a fait de son théâtre, le Toneelhuis d’Anvers, le lieu de l’agora, de la discussion, de l’échange. Avec ce diptyque réunissant deux auteurs contemporains aux styles très différents, il poursuit ce dialogue au sujet des multiples crises que traverse le monde occidental. Deux textes qui font surgir du passé deux personnages mythiques dont l’histoire a été réécrite à de multiples reprises parce qu’ils restent nos interlocuteurs privilégiés à l’heure de choix sociétaux difficiles où domine la tentation du repli sur soi. Nouria, la nouvelle Antigone de Stefan Hertmans, souhaite enterrer son frère terroriste. Tout au long de ce poème épique, Ghita Serraj questionne, insiste, réitère son désir et, face à la rigidité de ses interlocuteurs, est elle aussi happée par la tragédie. Kae Tempest imagine un Tirésias aux identités variées – jeune homme, femme redevenant homme, devin que personne n’écoute alors qu’il alerte avec clairvoyance sur l’avenir d’un monde urbain en perdition – dont s’empare Valérie Dréville. En dialogue permanent avec le Quatuor Debussy, qui interprétera sur scène des extraits de trois quatuors de Dmitri Chostakovitch (8, 11 et 15), les deux actrices évolueront dans un univers visuel dont Guy Cassiers, maître incontesté des images, a le secret.