Géraldine Martineau - « Un conte sur l’affirmation de soi »

Géraldine Martineau - « Un conte sur l’affirmation de soi »

« La Petite Sirène est un conte merveilleux et tragique, qui m’avait profondément marquée enfant. J’ai eu intuitivement la sensation qu’il fallait que je le porte à la scène, et c’est en plongeant dans sa matière que je me suis rendu compte à quel point les thématiques abordées m’étaient personnelles. J’ai toujours été, comme la Petite Sirène, une enfant différente aspirant à une autre vie que celle qui me semblait prédestinée.

Ce conte évoque les parts que nous sommes prêts à modifier ou à oublier pour plaire ou être accepté par l’autre. Cette problématique me semble universelle et intergénérationnelle. D’ailleurs, les différences sont souvent stigmatisées avec une violence parfois catastrophique. Le harcèlement à l’école est un vrai fléau et c’est en partie pour encourager les enfants à s’accepter tels qu’ils sont que j’ai voulu mettre en scène ce conte. La Petite Sirène engage quiconque à vivre ses désirs sans céder à ses peurs mais avec respect et bienveillance pour soi et pour les autres.

Pour préparer l’écriture, j’ai beaucoup lu sur le monde marin, l’histoire de la féminité, l’analyse des contes et la psychologie des enfants. Deux ouvrages ont joué un rôle très important : Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim et Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. J’ai également revu tous les films d’animation de Miyazaki. De vrais chefs d’œuvre d’une sensibilité et d’une poésie telles qu’ils touchent autant les enfants que leurs parents.
Pour l’adaptation, je me suis appuyée sur le conte d’Andersen (sa trame, ses étapes, ses figures, son style poétique), tout en essayant de proposer une vision personnelle et actuelle. Écrire en alexandrins non rimés m’a aidée à trouver un langage qui me semblait juste, à la fois simple et poétique. J’ai pris la liberté de développer certains thèmes qui ne sont pas forcément présents dans le conte initial. Des sujets qui me semblaient particulièrement résonner avec les urgences actuelles, comme les conséquences désastreuses de la pollution des océans ou encore la difficulté à accueillir un étranger. Aussi, dans ma version, les enfants sont moins empêchés que leurs parents. Ils les poussent à parler, à se dépasser et à ne pas se résigner. Car l’autre thème majeur de La Petite Sirène reste l’importance des choix que l’on fait, l’estimation des risques inhérents et la nécessité d’en assumer les conséquences. Même si sa décision d’échanger sa voix contre de belles jambes ne l’a pas conduite au mariage espéré avec le Prince, la Petite Sirène en assume l’irrémédiabilité et refuse de tuer celui qu’elle aime pour échapper à la mort. C’est ce second choix, connecté à son instinct et à sa nature, qui lui permettra de devenir une Fille de l’air, un être destiné à parcourir le monde et à faire le bien autour d’elle.

La Petite Sirène
est un conte initiatique très dense, où cohabitent humour, poésie et cruauté et qui nous guide sur notre propre chemin d’affirmation de soi, de nos choix et de nos différences. »

Géraldine Martineau

Géraldine Martineau présente "La Petite Sirène"

Du 17 novembre au 6 janvier | Studio-Théâtre de la Comédie-Française

Réservations