Dominique Brun Nijinska | Un Bolero

[Danse]

Dominique Brun ravive le souvenir de Bronislava Nijinska, première et unique femme chorégraphe des Ballets russes, en éprouvant son actualité scénique. En complicité avec François Chaignaud, elle réinvente le Bolero et le confronte à d’autres mémoires, navigant entre les cultures et les époques.

Poursuivant ses recherches sur les figures saillantes de la modernité, en particulier Vaslav Nijinski, Dominique Brun s’intéresse ici à sa sœur, « la Nijinska », autre pilier des Ballets russes. Partant du déchiffrement fouillé de ses archives (dessins, notes, carnet, partitions…), elle remonte le fil d’une écriture qui s’est différenciée à travers les époques, soucieuse d’en faire revivre, en les confrontant, les mémoires sédimentées. La chorégraphe s’intéresse particulièrement au Boléro, la célèbre pièce de Maurice Ravel dont on oublie souvent que la partition fut commandée par la danseuse Ida Rubinstein et la première chorégraphie signée par Bronislava Nijinska en 1928. Invitant François Chaignaud à interpréter la danse et à en partager l’écriture, Dominique Brun confronte la forme du boléro à d’autres espagnolades, à la skirt dance ou au buto de Tatsumi Hijikata, au plus près d’une « révolte de la chair ». Vêtu d’une longue robe, le danseur y alterne tournoiement, staccato du pied, ralenti des bras et du torse, son corps entrant en résistance avec la martialité du rythme pour mieux déjouer l’autorité de la musique. Présenté seul à l’Orangerie, le Boléro est programmé à la Ménagerie de verre dans un double programme qui comprend également la performance RSRB. Dans cette dernière, un pianiste interprète la partition fougueuse des Kreisleriana de Robert Schumann en dialogue avec la lecture par Dominique Brun de Rasch de Roland Barthes qui en constitue le commentaire. Pour incarner le corps schumannien, ce « corps qui bat » selon le philosophe, ils sont rejoints par le danseur Massimo Fusco qui improvise une danse des « coups ».
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A la Ménagerie de verre sera également présentée la pièce RSBR de Dominique Brun d’après les Kreisleriana de Robert Schumann et le texte Rasch de Roland Barthes.